Pure Performance Mountain Riding

LE DON DE LA FEMME"BISON BLANC". RITES CHAMANIQUES DES INDIENS DES PLAINES

LE DON DE LA FEMME"BISON BLANC". RITES CHAMANIQUES DES INDIENS DES PLAINES

http://agoras.typepad.fr/regard_eloigne/2010/02/etres-et-chemins-du-revesuite.html

 

                                                               

  

Maintenant que je peux voir tout cela 

comme du sommet d'une colline solitaire, 

je sais que ce fut l'histoire d'une vision grandiose 

reçue par un homme 

trop faible pour s'en servir, 

d'un arbre sacré qui aurait dû s'épanouir 

dans le cœur d'un peuple 

avec des fleurs et des oiseaux qui chantent 

et qui maintenant a dépéri 

Nicholas Black Elk

 

 

 

  Comme on l’a dit précédemment, La spiritualité était omniprésente chez les indiens des plaines. C'était à la fois une préoccupation individuelle et un processus social. Ils honoraient la nature  dans son entier, y compris la terre et les rochers, les animaux et les plantes les éclairs et le tonnerre, et ils pensaient que toute perturbation dans l’environnement provoquerait une rupture de l'harmonie sociale.  Ils étaient  convaincus que ces connexions avec la terre et toutes ses créatures étaient absolument vitales, non seulement pour la perpétuation de leurs pratiques religieuses, mais également pour leur intégrité culturelle elle-même. Ainsi, Rainy Mountain, une butte du Sud des Plaines, était sacrée pour les Kiowas, et Bear Butte, située sur la bordure nord-est des Black Hills, était l'objet de la même vénération de la part des Cheyennes et des Lakotas.

Pour les indiens  la croyance et les rites étaient étroitement mêlés.

Nous autres Sioux passons beaucoup de temps à penser aux choses de chaque jour, qui à nos yeux sont mêlées au spirituel. Nous voyons dans le monde alentour de nombreux symboles qui nous enseignent le sens de la vie

De la naissance à la mort, nous Indiens sommes pris dans les plis des symboles comme dans une couverture. Les planches du berceau d'un nouveau-né sont recouvertes de dessins qui doivent veiller à la vie heureuse et saine de l'enfant. Les mocassins des morts ont leurs semelles perlées d'une certaine façon pour faciliter le voyage vers l'au-delà. Pour la même raison, la plupart d'entre nous ont des tatouages au poignet — pas de tatouages comme ceux de vos marins, poignards, cœurs ou filles nues — rien qu'un nom avec des lettres ou des dessins. La femme Hibou qui veille à l'entrée de l'antichambre des esprits regarde ces tatouages et nous laisse entrer. Ils sont comme un passeport. Chaque jour de ma vie, je vois des symboles dans la forme de certaines racines ou certaines branches. Je lis des messages dans les pierres. Je leur accorde une attention spéciale parce que je suis un yuwipi et que les pierres c'est mon affaire. Mais je ne suis pas le seul. Beaucoup d'Indiens en font autant.tahca ushte de memoire indienne

                                                                               

 

 

 La foi représentait les fondations intellectuelles et émotionnelles de la religion, un système de connaissances situant l'homme en relation avec l'univers.   Il rendait  intelligibles et acceptables à la fois la vie humaine et le monde dans lequel celle-ci se dérou­lait, et définissait par ailleurs les fondements moraux de la société. Les rites offraient le moyen de concrétiser le pouvoir religieux et d'exprimer la foi ; ils  n'étaient pas  pourtant que de simples expressions de la croyance, mais également un moyen de l'affermir et de l'amplifier, car à travers eux les hommes pouvaient accroître leurs connaissances.

Les Lakotas disposaient ainsi  d'un grand nombre de rituels destinés à introduire du pouvoir dans leur vie. Certains d'entre eux étaient supposés leur avoir été enseignés par la Femme Bisonne Blanche, d'autres avaient leur origine dans des visions de saints hommes, mais tous, sans exception, découlaient d'instructions données aux humains par les êtres wakan.

ces rituels exprimaient des expériences de rêves individuelles, comme la cérémonie heyoka des Rêveurs des Êtres-Tonnerre, ou les cérémonies des Rêveurs du Wapiti, du Bison, du Loup, du Cerf et du Cheval. Certains rituels étaient destinés à guérir, en particulier ceux des Rêveurs de l'Ours, qui utilisaient leur pouvoir pour soigner les blessures. D'autres, comme les cérémonies yuwipi des Rêveurs de la Pierre, pouvaient permettre de prévoir l'avenir ou de retrouver des objets perdus. Enfin, certains rituels étaient personnels et secrets, comme ceux des Gardiens des Os, qui fabriquaient de puissants charmes d'amour.

Les rituels publics comprenaient de grandes fêtes tribales, comme la danse du Soleil ; des cérémonies de passage d'un état social à un autre, comme le rite de puberté des jeunes filles, appelé chant du Bison  et des rites d'apparentage, comme la cérémonie hunka, au cours de laquelle une personne en adoptait rituellement une autre, unissant ainsi deux familles (ou deux bandes, ou deux tribus)

                                                               

 

 À la base de tous les rituels se trouvait la loge de sudation, ou de purification), qui nettoyait à la fois le corps et l'esprit d'un individu et le préparait ainsi à participer aux autres rituels.

Le bain de vapeur purificateur était souvent une cérémonie en lui même- Pour le prendre, on se rendait, pratiquement nu, jusqu'à une minuscule hutte faite d'une structure en branches de saule recouverte de peaux. Une fois enfermé à l'intérieur, on versait doucement de l'eau sur des pierres chauffées à blanc, on respirait la vapeur, on brûlait de l'« herbe douce », la sweet grass, on fumait la pipe sacrée, on priait et on espérait recevoir une vision. Avant de quitter la hutte à sudation, on se frictionnait avec de la sauge et on s'aspergeait d'eau froide, ou on sautait dans le ruisseau voisin. Parfois, plusieurs personnes, hommes et femmes, s’y entassaient. D'une manière générale, la loge de sudation (Sweet Lodge) était  un lieu et un moyen mettant l'homme en rapport direct avec l'alchimie des quatre éléments, la terre, l'eau, l'air et le feu.

 

"A propos du « sacré », je vous parlerai de l’inipi, l’étuve.Pourquoi ? C'est que nous nous purifions dans cet abri consacré avant nos célébrations.  Qu'il s'agisse de la danse du soleil ou de l'ascèse de voyance, l'exercice de sudation vient en premier lieu. il se peut que l’inipi ait précédé nos rites, que toutes les autres célébrations en découlent. 

L'étuve est petite, mais pour ceux qui s'y tiennent accroupis, elle représente l'univers tout entier. Les esprits de toutes les créatures vivantes se regroupent dans cette hutte. Cela, nous le croyons. La terre sur laquelle nous reposons est notre ancêtre ; la vie procède d'elle. Au centre de la hutte, nous creusons un trou circulaire dans lequel seront déposées les pierres le moment venu..celle ci est un cercle :le cercle dans le cercle représente la vie qui n’a pas de fin…

L'eau est glacée et les pierres brûlantes, ce qui symbolise une fusion, de la terre et du ciel, de l'eau de la vie et du souffle sacré de l'esprit, grand-père et grand-mère enfin réunis. Il se fait un grand surgissement de pouvoirs sacrés. Vous inhalez ce souffle, aspirez cette eau, cette vapeur blanche. Celle-ci symbolise les nuages, l'âme vivante, la vie. La chaleur est suffocante.

Vous vous tenez tranquillement dans l'obscurité, méditant sur le sens de inipi. Vous fermez les yeux, vous écoutez l'eau glacée qui siffle au contact des pierres brûlantes, vous entendez ce qu'elles ont à vous dire — une petite étincelle s'allumant dans votre esprit. L'étuve tremble pendant que les hommes chantent La cha­leur, le pouvoir de la terre, vous en êtes comme frappés. Vous les respirez, vous vous en imbibez. Ce pouvoir vous pénètre, vous guérit, vous transforme. La vapeur ne touche que votre corps, mais le pouvoir de la terre envahit aussi votre esprit. Il guérit bien des maladies — l'arthrite, les rhumatismes, mais il cicatrise aussi les blessures morales. Il n'y entre ni hâblerie ni impureté. Rien que des humains nus, accroupis dans le noir, dans la proximité de la terre et de l'esprit. Si l'esprit est sur vous, vous pourriez prendre dans vos mains la pierre chauffée à blanc, elle ne vous ferait pas mal.

tahca ushte de memoire indienne

                                                                        

 

 

 

Dans presque toutes les tribus nomades on pratiquait la quête de vision. Le quêteur gagnait un endroit isolé et y restait trois ou quatre jours sans manger et sans boire, s'efforçant de demeurer éveillé, priant les esprits de bien vouloir le prendre en pitié, et espérant une révélation à la faveur d'un rêve éveillé ou d'une transe. Chez certains peuples les anciens incitaient les enfants à entreprendre leur propre quête. Chez d'autres, seuls les adolescents de sexe masculin étaient supposés se mettre en quête. Dans beaucoup de tribus il arrivait que des adultes, hommes ou femmes, recherchent une vision suscepti­ble d'apporter une réponse à un problème particulier auquel ils étaient confrontés. Si un individu avait des difficultés à obtenir la vision recherchée, il demandait de l'aide à un chamane, car tout le monde espérait obtenir une révélation et l'esprit gardien qui la procurait.

Les esprits qui venaient en aide aux quêteurs de vision prenaient divers aspects. Le bison, le wapiti, l'ours, l'aigle, le faucon, le chier et le lapin servaient fréquemment d'esprit gardien. Des objets inanimés, des phénomènes naturels, des événements et des créatures fantastiques à l'aspect plus ou moins humain (le manitou cher au western) apparaissaient également en tant qu'esprit gardien dans certaines visions.

 

« J'étais seul au sommet de la colline. J'étais assis dans la fosse de voyance, un trou creusé dans le sol, les genoux entre les mains, à regarder le voyant-guérisseur qui m'avait conduit en ce lieu, le vieil homme Le Torse, disparaître vers le fond de la vallée. Pas plus gros qu'un point noir, il se faufilait parmi les pins ; il fut bientôt hors de vue.

J'en étais désormais réduit à moi-même, quatre jours et quatre nuits à passer au haut de la colline, sans nourriture ni eau, attendant qu'il vienne me chercher. Je me tenais donc là, accroupi dans la fosse de voyance, livré à moi-même pour la première fois de ma vie. J'avais alors seize ans, je portais encore mon nom de garçon, et, j'aime autant vous le dire, j'avais très peur ….

Peu à peu, je percevais une voix qui voulait entrer en communication avec moi. C'était le cri d'un oiseau, mais laissez-moi vous dire, je commençais à le comprendre un peu. Cela se produit quelquefois. Je connais une femme qui avait un papillon sur l'épaule. Ce papillon lui parlait. C'est ce qui a fait d'elle une guérisseuse remarquable.

J'entendis aussi une voix humaine, bizarre et haut per­chée, une voix qui ne pouvait pas émaner d'un être ordi­naire, bien en vie. Je fus, d'un coup, transporté dans les airs parmi les oiseaux. La colline et sa fosse de voyance se tenaient incroyablement loin au-dessus de tout. Je pou­vais même baisser les yeux vers les étoiles, et voir la lune proche, à ma gauche. C'était à croire que la terre et les étoiles se mouvaient au-dessous de moi. Une voix me disait : « Tu te sacrifies afin de devenir un voyant-guéris­seur. Tu en seras un le moment venu. Tu enseigneras ceux qui, à leur tour, le deviendront. Nous sommes le peuple des oiseaux, le peuple ailé, les chouettes et les aigles. Nous sommes une nation et tu seras notre frère. Tu ne tueras jamais ni ne blesseras aucun des nôtres. Tu peux t'attendre à être compris de nous chaque fois que sur cette colline tu exerceras ton don de voyance. Tu apprendras les herbes ©t et les racines, et tu guériras tes semblables. En retour tu ne leur demanderas rien. La vie d'un homme est brève. Que la tienne soit noble et féconde. »

Je me rendais compte que ces voix me faisaient du bien, et lentement la frayeur se retira de moi. J'avais perdu le sens du temps. Je ne savais plus si c'était le jour ou la nuit. Je dormais, et pourtant j'étais éveillé. Puis je distinguai une forme devant moi. Je me dressai dans l'obscurité et le brouillard tourbillonnant qui envahissaient mon antre. Je reconnus mon arrière-grand-père, Tahca Ushte, CerfBoiteux, le vieux chef des Minneconjou. Je pouvais voir le sang s'écouler de sa poitrine, là où un soldat blanc l'avait tué. Je compris que mon arrière-grand-père souhaitait que je prenne son nom. J'en conçus une joie indicible

                                                                            

 

Nous autres Sioux, croyons qu'il y a dans le plus profond de notre être quelque chose qui nous gouverne, quelque chose de presque semblable à une personne. Nous l'appelons nagi, d'autres parlent d'âme, ou d'esprit ou d'essence.    On ne peut le voir, le sentir ou le goûter, mais cette fois-là sur la colline — cette fois seulement — je sus que nagi se tenait en moi. Je le sentis se répandre dans mon corps, m'inonder. Cela, je ne peux pas le décrire, mais j'en fus pénétré jusqu'au plus intime de mon être. J'étais sûr désormais de devenir un wicasa wakan, un voyant-guérisseur. Je me repris à sanglo­ter, mais de joie cette fois.

Je n'aurais pas pu dire combien de temps je m'étais tenu sur cette colline — une minute ou le temps d'une vie.

Je sentis soudain une main se poser doucement sur mon épaule. C'était le vieux Le Torse qui était venu me chercher. Il me dit que j'étais resté quatre jours et quatre nuits dans la fosse de voyance et qu'il était temps de redescendre. Il allait me donner à manger et de l'eau à boire, et ensuite j'aurais à lui dire tout ce qui .m'était advenu. Il interpréterait mes visions pour moi. Il me déclara qu'elles m'avaient transformé d'une façon que je ne pouvais comprendre sur le moment. Il me dit que désormais je n'étais plus un jeune garçon, mais un homme. J'étais Tahca Ushte, Cerf Boiteux.-

 

Chaque vision procurait un pouvoir personnel (ou «médecine »). Après avoir eu la révélation, le quêteur fabriquait un sac sacré (ou sac-médecine) en peau, et plaçait dans ce sac des objets, fétiches et autres symboles matériels que sa vision lui avait commandé de réunir. Autant d'éléments qui rappelaient aux autres les pouvoirs mystiques contrôlés par leur possesseur. Un sac sacré pawnee pouvait contenir par exemple une pipe, du tabac, des pein­tures, des oiseaux et du maïs. Chaque élément avait un usage particulier. À certains moments propices, le possesseur ouvrait le sac, manipulait et renouvelait son contenu en observant un rituel bien défini, pour le bien et le bien-être de la communauté, comme de lui-même.

Plusieurs groupes conservaient de grands sacs tribaux :le sac de l'Étoile du Matin des Skidi Pawnees, le sac des Flèches-Médecine et le sac de la Coiffure de Bison Sacrée des Cheyennes, le sac de la Pipe Plate. Celui des Pieds-Noirs  par exemple, contient ainsi  la Pipe Sacrée, diverses peaux — une peau de hibou, deux peaux de cygnes blancs, une peau de loutre, une de faon, une de chien de prairie —plus deux crânes, un hochet et du tabac... Le tout est enveloppé dans une peau de daim recouverte d'une peau d'ours brun. Une ceinture sert à le transporter.

 

Tous les sacs individuels ou tribaux étaient employés pour le bien de la communauté et associés à une mythologie précise. Chacun contenait des objets représentant des personnages et des péripéties de cette mythologie. A certaines occasions, les propriétaires de sacs donnaient des fêtes de renouveau en l'honneur de leur sac, quant aux autres membres de la communauté, leurs obligations sociales leur commandaient de fêter un certain sac. Dans la mesure où ils se rapportaient à des activités spécifiques, telles que la pêche ou le piégeage des aigles, quelques sacs et les rites qui y étaient associés devaient être très spécialisés. D'autres servaient de sacs de guérison, et beaucoup étaient en relation avec la fertilité, les récoltes et le contrôle du climat.

  

                                                        

 

Symbole d’unité et d’harmonie, le calumet, est utilisé par de nombreuses tribus des États-Unis et du Canada.  Chez les populations sioux, la pipe est l'objet sacré par excellence. Elle est sacrée, car la fumée qui s'en échappe constitue le moyen que l'Amérindien dispose pour communiquer avec le grand mystère. Elle intervient dans toutes les cérémonies d’importance des tribus. Tahca ushte l’évoque ainsi :

 

Toutes les créations du Grand Esprit, l'univers entier, se trouvent dans la pipe sacrée.

Notre calumet saint -- j'ai ajourné son évocation jusqu'à la fin, pour deux motifs. Il est ce que nous avons de plus sacré. Notre religion se fonde sur lui. Le calumet saint est au centre de nos rites, si différents soient-ils les uns des autres. Les pleurs du voyant, les souffrances de la danse du soleil, celles du yuwipi dans sa nuit de vigile, la hutte de l'étuve - - le calumet est sans cesse présent, au cœur même de notre vie. Nous le vénérons autant que les Cheyennes vénèrent leurs faisceaux de flèches. Plus même, parce que les flèches ne concernent que les Cheyennes, alors que nous fumons aussi le calumet dans la pensée des autres tribus de ce continent, et de toute existence sur la terre.

C'est en raison de ce caractère sacré qu'on ne doit parler du calumet qu'à la fin, tout le reste étant dit. Mais il y a une autre raison qui m'a fait attendre si longtemps pour l'évoquer ; le calumet me fait peur. Si un Indien essaie d'en parler, il s'égare facilement. Nous n'avons pas un cerveau fait pour comprendre tout ce qui s'y rapporte. Il est si vénérable que je me trouve comme retenu pour vous confier ce que j'en sais. Malgré l'âge que j'ai atteint, le temps consacré à méditer à son sujet, et ce que j'ai appris, je ne me sens jamais vraiment prêt à l'évoquer. Parfois je rêve à la possibilité d'écrire notre livre uniquement sur le calumet, parce qu'en lui réside toute la sagesse indienne. Mais, comme je disais, il me fait peur et m'accable de sa majesté.

 

 

 

 Ci-dessous, élan noir raconte l’origine de la pipe sacrée qui fonde la nation sioux : Dans son passage sur Mère Terre, Femme Bison Blanc laissa aux hommes la puissante mémoire incarnée par Chanunpa (la pipe sacrée) afin que se perpétuent l’Union au grand cercle de la vie, l’Union avec la communauté ainsi que l’Union à soi-même. john freesoul un anthropologue indien fait remarquer à propos du récit de la femme bisonne qu’on taxe ces traditions de mythiques (au sens  péjoratif de légendes ou produits de l’imaginaire )alors qu’on considère la bible ou les textes veddhiques comme « saints » et véridiques. Il s’insurgeait ainsi  contre les prétentions au monopole du sacré de certaines cultures.

                                                               

 

 

Les Indiens étaient dans leur camp et avaient envoyé deux hommes tuer des bisons. Les chasseurs étaient au sommet d'une colline et, en regardant vers le nord, ils virent quelque chose apparaître au loin. Ils auraient dû poursuivre leur route, mais ils voulaient savoir ce qu'était cette chose ; ils continuèrent de la regarder, et finalement elle s'approcha. Ils s'aperçurent alors que c'était une femme. L'un d'eux dit : « C'est une femme qui vient vers nous. » L'un d'eux eut alors de mauvaises pensées, mais l'autre dit : « C'est une Femme sacrée ; renonce à tes mauvaises pensées. » La femme gravit la colline, jusqu'à l'endroit où ils se trouvaient. Elle était très belle, ses longs cheveux flottant dans son dos, vêtue d'une splendide robe en peau de daim. Elle posa ce qu'elle portait sur le sol et le recouvrit de sauge. Elle savait ce que les deux hommes avaient en tête. Elle dit : « Vous ne me connaissez probablement pas, mais si tu veux faire ce à quoi tu penses, approche. » Le second homme dit à l'autre: «Je te l'avais dit, mais tu ne m'as pas écouté.» L'homme s'approcha donc, et à l'instant où il fut face à la femme, un nuage descendit et les recouvrit tous les deux. Puis la belle Femme sortit du nuage et se tint debout à côté. Quand le nuage se dissipa, il ne restait plus de l'homme qu'un squelette rongé par des vers. Ce fut ce qui lui arriva parce qu'il avait été mauvais.

La Femme se tourna ensuite vers l'autre homme et lui dit : «Rentre chez toi et fais savoir à ta nation que j'arrive. Qu'ils construisent un grand tipi en son centre, c'est là que je viendrai. » Un homme s'éloigna aussitôt, terrifié par ce qui était arrivé à son ami. Il raconta à la tribu ce qui s'était passé. Très excités, ils se mirent tous sur le champ à construire un abri pour la recevoir. Lorsque le tipi du Centre de la Nation fut dressé, elle y entra. Elle déposa à l'Est ce qu'elle portait. Tous les gens s'étaient rassemblés pour la voir. En pénétrant dans le tipi, elle chanta :

 

Avec un souffle visible je marche. J'envoie une voix tandis que je marche.

D'une manière sacrée je marche. En laissant des traces visibles je marche.

D'une manière sacrée je marche.

 

Puis elle offrit la Pipe au chef. C'était une Pipe ordinaire, mais un jeune bison était gravé sur un côté de son fourneau, et douze plumes d'aigle étaient attachées à son tuyau avec une herbe incas­sable. Elle dit : « Regarde ceci, car avec ceci vous vous multiplierez et vous formerez une bonne nation. Cette Pipe ne vous apportera que du bien, aussi je vous ordonne qu'elle ne soit conservée que par un homme de bien, que les hommes bons aient le privilège de la voir, mais que les mauvais ne l'aient pas. » Les Sioux possèdent encore cette Pipe...

Elle leur enseigna aussi la « Garde de l'Âme », et que lorsque le fils d'un homme meurt, son père doit conserver une mèche de ses cheveux . Cette femme était en réalité un bison blanc. D'où vient le grand respect que nous avons pour les bisons blancs. Elle leur dit également que, quand ils souffriraient de la faim, ils devraient offrir la Pipe au Grand Esprit. Grâce à lui, ils pourraient savoir à l'avance quand ils auraient des problèmes. La Pipe s'allonge à cer­taines périodes, et cela signifie des temps difficiles. Lorsqu'elle raccourcit, elle annonce des temps heureux. Après avoir terminé, la Femme chanta un autre chant. Lorsqu'elle quitta le tipi, tout le monde put voir un bison blanc qui ruait et qui s'éloignait rapide­ment en s'ébrouant.

  

                                                                              

 

  Le tabac jouait  donc un primordial  rôle dans les rites. Parce qu'il était rare et fort, les Indiens des Plaines le mélangeaient avec d'autres herbes. Ce mélange était composé de tabac, d'écorce de saule séchée, de feuilles séchées de sumac, de peuplier, de plantes aromatiques, et probablement de marijuana. Les Indiens le conservaient dans de petites blagues richement décorées. Élan Noir en indique l’importance  « La sweet grass, c'est la chevelure de la Terre notre Mère. C'est un parfum. Quand l'esprit de ma grand-mère revient, il apporte avec lui cette odeur, ce parfum...

Si certains groupes cueillaient des espèces sauvages, plusieurs peuples des villages de l'Est des Plaines, mais aussi des nomades comme les Pieds-Noirs, les Sarsis et les Crows, cultivaient le tabac. Les Cheyennes s'adonnaient encore à sa culture en 1802. Chez les Mandans, les Hidatsas et les Crows, elle devint l'une des tâches des hommes âgés, et était accompagnée de rituels très importants, surtout chez les Crows, qui célébraient encore la cérémonie de plantation du tabac longtemps après avoir abandonné toute horticulture.

Fumer la pipe était un acte sacré et cérémoniel, associé à diverses formes de pouvoirs. Aucun rite n'était pratiqué plus communément.

Chez les Comanches par exemple, la cérémonie représentait, de la part du fumeur, soit une prière pour obtenir un certain pouvoir, soit un serment, une promesse, un engagement moral. Fumer cérémoniellement étant un acte sacré et solennel, activité réservée aux hommes : il conve­nait de respecter certains tabous et restrictions. Avant de le faire, beaucoup présentaient la pipe aux quatre points cardinaux. Il existait également des tabous individuels, comme ôter ses mocassins avant de fumer, ou encore poser la pipe sur une tranche de viande ou de langue de bison.

Pour fumer en dehors des occasions solennelles ou des cérémo­nies, les hommes utilisaient des pipes simples, tubulaires, faites d'un os renforcé par de la peau ou un tendon de bison. Ils fumaient très rarement des cigares, mais les cigarettes, roulées dans les feuil­les internes des épis de maïs, ou des feuilles de chêne, étaient assez courantes. Le tabac étant une denrée rare, les Indiens des Plaines le réservaient pour les grandes occasions.. Dans ces cas-là, ils utilisaient une pipe avec un fourneau creusé dans une pierre tendre telle que la stéatite noire ou une autre variété de stéatite appelée catlinite rouge, (du nom du peintre George Catlin). Les Yanktons, qui contrôlaient le site, détenaient ainsi le monopole du commerce de cette pierre rouge qu'ils fournissaient à la plupart des groupes tribaux du Nord des Plaines. Beaucoup de peuples des villages utilisaient des fourneaux en poterie. Les calumets étaient des pipes encore plus élaborées, rarement destinées à être utilisées pour fumer vraiment. Les Indiens des Plai­nes les fabriquaient souvent par paires, et beaucoup de groupes s'en servaient quand ils négociaient des traités de paix ou lors de cérémonies sacrées. Ce genre de pipe se composait d'un long tuyau soigneusement sculpté et décoré, et d'un grand fourneau. Habituellement, les deux parties étaient conservées séparément et n'étaient assemblées, solennelle­ment, qu'au moment de servir. L'usage de telles pipes était une ancienne tradition, et leur conception variait d'une tribu à l'autre, mais les contacts avec les Blancs influencèrent la décoration des calumets. Les Indiens des Plaines utilisèrent de minuscules perles de verre pour orner le tuyau, et y attachèrent à l'occasion des rubans multicolores.

                                                                 

Les Lakotas conservent encore aujourd'hui la Pipe sacrée originelle, celle que la femme Bisonne blanche, leur apporta. Elle se trouve toujours actuellement, à Green Grass dans le Dakota du Sud.  

                                                                

  

  

Après cela, la Femme Bison Blanc enseigna à prier avec le calumet, en l'élevant vers le ciel, puis en le pointant vers la terre, et ensuite dans les quatre directions d'où le vent souffle. Dresser le calumet vers le ciel, c'est ce que nous appelons hupa gluza. La Femme Bison Blanc déclara : « Avec cette pipe sacrée vous marcherez comme une prière vivante, vos pieds reposant sur la grand-mère, le tuyau de la pipe accomplissant tout le trajet jusqu'au ciel où se tient le grand-père, votre corps joignant le sacré d'En bas au sacré d'En haut. Le sourire de Wakan Tanka est sur nous parce qu'en ce moment nous sommes tous en un — la terre, le ciel, toutes les créatures vivantes, et les ikse wicasa — les êtres humains. En ce moment, nous formons une grande famille. Le calumet nous unit. C'est un pacificateur. Quelque part existe une nappe de sang, c'est le lieu de votre origine. Vous verrez que ce sang s'est pétrifié et qu'il est rouge. Il provient d'un point sacré que tous les hommes ont en commun, par lequel les ennemis sont changés en amis et en parents. » Et c'est sans doute de ce moment que date chez le peuple sioux la cou­tume de clore les cérémonies importantes par les mots mitakuye oyasin — "tous les miens"les plantes, les ani­maux, les humains, une même grande famille universelle. tahca ushte de memoire indienne

                                                                          



20/11/2010
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