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Sons Taoïstes

Interview de Philippe Barraquéparu dans le magazine français Tao yin

 

 

 

 

Qu’est-ce qu’un son taoïste ?


P.B. : On a l’habitude de dire « sons taoïstes », mais je serais beaucoup plus nuancé et je parlerais plutôt d'expirations sonorisées, d’expirations de souffles morts.
Bien sûr, il y a différentes écoles, et tout le monde n’est pas d'accord sur les problèmes de sons et de voyelles. Mais la langue chinoise, avec ses différents tons, ses traductions, sa phonétique, est telle que, pour un même son supposé, on a plusieurs prononciations.

Pour ma part, je crois beaucoup aux sons spontanés, aux sons intuitifs, et je reste persuadé, qu’aussi bien dans le Yoga que dans le Taoïsme, tout est parti d’un concept très simple dont l’objectif était de relier les éléments et de reproduire les sons de la nature.
Aussi, mon point de départ a-t-il été, à partir de cours de Tai Chi, d’ajouter simplement la dimension sonore, qui était souvent occultée en Occident.

 

Quelle est l’origine traditionnelle de ces sons ?


P.B. : Ils sont évidemment fondés sur les cinq éléments : bois, feu, terre, métal et eau ; mais, ici, la terre est en quelque sorte double, à la fois terre du ciel et ciel de la terre.
Comme chacun le sait, ces éléments sont reliés à des organes, mais on peut également les relier à des viscères creux, et, bien sûr, à des sons.


 

On a donc cinq sons pour cinq éléments, mais, puisque la terre est double, un sixième son est en rapport avec le méridien Trois réchauffeurs. Il faut rappeler aussi que dans la tradition chinoise, c’est l'union du ciel et de la terre qui produit les six souffles initiaux et qui donnent naissance aux cinq éléments. En fait, cet élément terre est à la fois enraciné au niveau de la rate, et exprime la globalité du corps par le méridien Trois réchauffeurs qui commande certaines de nos fonctions.
Quant à la gamme pentatonique chinoise, elle se compose seulement de : fa, do, sol, ré, la, qui, bien sûr, seront développés en différents modes musicaux avec l’évolution de la gamme chinoise au cours des millénaires.


Pourquoi attribuer des notes ?


P.B. : Effectivement, il s’avère que, dans la pratique, ces expirations sonorisées ne demandent pas nécessairement un note particulière. Quand on émet ces souffles, c’est plutôt pour faire le ménage à l'intérieur de nous, chasser les souffles morts, au niveau des poumons, de la rate, des reins... A ces expirations sonores on peut d’ailleurs associer des instruments, comme les pierres sonores, les instruments en soie, les gongs, les cloches, les flûtes...
Mais il faut également associer à ces sons de purification les douze Liu, qui correspondent aux demi-tons.


 

La légende nous dit que, bien avant notre ère, le ministre chargé de la musique se rendit dans une province de Chine particulièrement boisée où il coupa des bambous de différentes tailles. Deux Phoenix apparurent alors. Un mâle et une femelle. Chacun émit six sons ; et en comparant ces douze sons avec ceux que produisaient les bambous, le ministre constata qu’ils étaient identiques. Il s’agissait de : fa, fa dièze, sol, sol dièze... jusqu'à mi.

La première note, qui revient le plus souvent, est le fa du second octave du piano. Ce premier son, Houang tchong, veut dire « cloche jaune », et rappelle le nom du fleuve jaune Houang-To qui prend sa source dans la fameuse région où le ministre a trouvé les bambous. L’empereur Houang-Ti fit couler douze cloches reproduisant chacun de ces sons.


Mais pourquoi était-on si satisfait d’avoir découvert ces douze Liu ?


P.B. : Parce qu’ils sont en rapport avec les méridiens, avec la circulation de l’énergie vitale, et avec notre horloge interne.
Pourtant, on s’aperçoit que, dans la pratique, on utilise rarement ces douze notes, pour en rester, la plupart du temps, à fa, do, sol, ré et la.
Mais pour qui s’intéresse au chant des douze Liu, j’ai eu l’idée d'associer différents sons traditionnels aux organes et viscères creux. Cela permet notamment de pouvoir expirer les souffles en respectant les heures du corps. Par exemple, si on a un problème respiratoire on va choisir la note des poumons, qui est le sol, que l’on pourra émettre, entre trois et cinq heures, par la voix ou par un instrument.
Mais, de la même manière qu’en mantra yoga on obtient d'aussi bons résultats avec des sons spontanés qu’avec des sons orthodoxes, eh bien on peut aussi, dans les sons taoïstes, expirer un souffle spontané, à condition de bien visualiser chaque organe, chaque viscère creux, ou le parcours du méridien...


 

En stage, on peut également associer visualisation et mouvement. Pour ce faire, le Taoïsme nous procure un certain nombre de visualisations. Par exemple, si l'on émet le son correspondant au printemps, on peut visualiser le souffle du vent dans les branches, la forêt de pin bercée par le vent ...

Mais, dans les sons taoïstes, il existe aussi un rapport entre une sorte de climatologie du corps et notre microcosme. On peut donc, non seulement associer une visualisation de la vessie ou des reins à l'émission du son Ch’ui - qui donne une idée d’élimination - mais on peut également l’associer à l'image de la pluie fine qui tombe sur les toits d'ardoises, ou à la neige qui va recouvrir des racines.

Et le fameux sixième son ?


P.B. : Le sixième son, Hsi, correspond au méridien Trois Réchauffeurs, et par la relation « Mère-fils » qui régit le passage du Ch’i d’un méridien à un autre, au méridien Péricarde. Avec ce son, on peut visualiser le coeur ou le péricarde qui est ce cocon qui entoure le cœur. On sait que le péricarde contient la lymphe qui, ésotériquement, a un très haut pouvoir énergétique puisqu’elle est la gardienne du rythme cardiaque et de la fonction vitale.


Comment cette discipline se pratique-t-elle ?


P.B. : En groupe, on se livre tout d’abord à un travail sur le son, la vibration, puis avec un professeur de Tai Chi à un travail sur les énergies, et à un moment donné on va fusionner les deux disciplines.

 

Et au plan thérapeutique ?


P.B. : Une recherche spécifique au niveau thérapeutique est effectivement possible dans le sens où on va pouvoir, par les mouvements du Tai Chi, faire un travail sur l’expansion de l'énergie, et par les sons taoïstes établir une relation entre les musiques du corps et celles du cosmos.


 

Si, par exemple, on travaille sur le recentrage dans le champ de cinabre inférieur, et que l’on veuille obtenir un effet sur le transit intestinal ou encore sur un état dépressif, on modèlera l'énergie à ce niveau, et on lui associera des sons d'enracinement dans les fréquences graves.
Dans les exercices qui se font par groupes de deux, on peut également chercher à ressentir l’énergie au niveau des paumes, et associer les sons qui vont exprimer la fusion des énergies, afin d’entrer en relation avec l’autre.


Sachant que vous travaillez aussi avec le chant harmonique, avez-vous découvert une relation entre ce dernier et les sons taoïstes ?


P.B. : Tout à fait ! Pour émettre des harmoniques avec la voix, on modifie la forme de la cavité buccale, ou on utilise la pointe de la langue pour sélectionner les fréquences.
Or, cette langue nous connecte non seulement avec certaines glandes, mais aussi avec différents points énergétiques de la voûte du palais. Ainsi, c’est parce que la pointe de la langue entre en contact avec le réseau des méridiens, que les harmoniques ont une influence sur le physique et le psychique.

Propos recueillis par Jean-Baptiste Loin
Extraits de l’interview paru dans la revue TAO yin (France, sept./oct.1998 - N°10) –Tous droits de reproduction, de traduction, d’adaptation et d’exécution réservés pour tous pays - All rights reserved.

En savoir plus : La Voix qui guérit (Editions Jouvence), La Guérison Harmonique (Editions Jouvence).

La musicothérapie énergétique

 

"Stimulation des plexus et des points d'acupuncture, mise en vibration des différentes strates subtiles de l'être, de ses notes vertébrales et ses résonances ganglionnaires, concordance entre les sons, les couleurs, les fragrances d'huiles essentielles, les cristaux, les élixirs floraux, entre autres, la musicothérapie énergétique que je pratique depuis une trentaine d'années traite chaque patient dans sa globalité, dans son concert ultime. Cette discipline à part entière ne peut se réduire à l'approche psychanalytique, voire art-thérapeutique, dans laquelle la musicothérapie officielle et la psychologie voudraient la cantonner. Soigner par la musique est un art noble tout comme celui de la médecine. La musicothérapie énergétique s'inscrit comme une thérapie de pointe car, en  reliant les énergies du corps et de l'esprit, le résonnant au transcendant, elle est la clé de guérison de maladies réputées incurables."


Philippe Barraqué


09/11/2011
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