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Les canons à neige : une arme de destruction écologique

Les canons à neige : une arme de destruction écologique

Depuis quelques années, l’enneigement artificiel est devenue la réponse miracle des stations de ski pour pallier aux aléas climatiques. Or, pour fabriquer de la neige artificielle, il faut de l’eau, beaucoup d’eau...

Depuis quelques années, l’enneigement artificiel est devenue la réponse miracle des stations de ski pour pallier aux aléas climatiques. La neige artificielle permet effectivement d’augmenter le nombre de pistes ouvrables et le nombre de jours d’ouverture des stations. Ainsi Tignes ou Val d’Isère, situées en altitude près de glaciers, se sont équipées pour pérenniser le ski d’été ! Grâce aux canons à neige, les stations peuvent ouvrir toujours plus de pistes, y compris dans les stations de basses altitudes. Depuis l’hiver 2004, il y a ainsi des canons à neige dans les Ardennes. Ce qui n’était au départ qu’une solution d’appoint est devenue une véritable industrie. Plus de la moitié des stations sont équipées et la surface couverte atteignait 4000 ha en 2005, soit environ 1/6 du total des pistes.

La garantie neige n’assure pas la ressource en eau

Si les actionnaires de sports d’hiver sont rassurés (les stations affichent des taux de croissance de 5 %), ce n’est malheureusement pas le cas de certaines municipalités locales qui s’inquiètent des conséquences pour l’environnement et pour les habitants. En effet, pour fabriquer de la neige artificielle, il faut de l’eau, beaucoup d’eau : 4000 m3 d’eau à l’hectare, contre 1700 m3 pour le maïs irrigué. Cette eau est prélevée dans le milieu naturel et vient grever le volume d’eau total disponible ; de plus, ces prélèvements interviennent à un moment où les rivières sont en phase d’étiage [1] et ont des conséquences graves sur la faune (poissons, batraciens) et la flore (tourbières). La demande en eau est parfois tellement forte que la pénurie d’eau potable frappe les villages montagnards. L’eau utilisée par les canons provient en effet pour 55 % de réserves collinaires, 30 % des cours d’eau et 15 % du réseau d’eau potable.
À la forte consommation d’eau, viennent s’ajouter l’impact paysager des canons et des retenues collinaires, bâchées, et la disparition des fonds de vallée humides à forte valeur patrimoniale, où sont creusées ces retenues.

Au rang des inquiétudes environnementales, on relèvera enfin la consommation énergétique, pour moitié du budget de fabrication de neige artificielle, à une époque de l’année où la demande énergétique est forte.

Source : Eau secours !, un document réalisé par Mountain wilderness, une association qui “ agit en faveur de la préservation des espaces de montagne menacés, alerte l’opinion et propose des alternatives douces à la marchandisation de la montagne. ” Contact : 5, place Bir Hakeim – 38 000 Grenoble – tel : 04 76 01 89 08 – www.france.moutainwilderness.org.


Aurore Abibon, Transrural initiatives n°331, 11 avril 2007.

[1] A l’inverse de la crue, la période d’étiage est celle où les niveaux d’eau sont les plus bas.



15/09/2010
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