Pure Performance Mountain Riding

Everest 1996 la tragedie

Le 10 mai 1996 fut la journée la plus noire de l'histoire de la conquête de l'Everest. Ils étaient vingt-quatre à vouloir à tout prix tenter l'aventure. Des touristes qui avaient versé l'équivalent de 65 000 euros chacun à deux tour-opérateurs américains pour s'offrir le grand frisson. Tous des amateurs, qui confondaient plus haute montagne du monde et parc d'attractions. Ils étaient pourtant entourés de Scott Fisher et Rob Hall, deux guides aguerris qui avaient déjà gravi plusieurs fois l'Everest. Mais ces deux professionnels travaillaient pour des agences concurrentes. Trivialement, ils se "tiraient la bourre".
Les alpinistes ont négligé les avertissements qui auraient dû les faire renoncer à atteindre le sommet. En effet, depuis le milieu de la matinée, des nuages menaçants s'agglutinaient autour du massif. Or, la présence de grimpeurs amateurs avait considérablement ralenti l'ascension.

N'importe quel alpiniste expérimenté respecte la règle d'or de l'Everest : ne jamais repartir du sommet après 14 heures. Ils l'atteignent à 15 h 30, dans une tempête extrêmement violente. Déjà, un des clients de Rob Hall s'écroule, épuisé, près du sommet Sud à 8 760 mètres. Il décède peu après. Rob reste à ses côtés jusqu'au bout. À moitié gelé, il meurt quarante-huit heures plus tard. Mais, tout au long de son agonie, il reste en communication avec ses coéquipiers. Il dialogue même par radio avec son épouse, alors enceinte, qui se trouvait en Nouvelle-Zélande, et lui adresse ces quelques mots en guise d'adieu : "Je t'aime, dors bien ma chérie, je t'en prie, ne te fais pas trop de souci".


Rob Hall, l'un des deux guides.

Scott Fisher, quant à lui, succombe lors de la descente, vers 8 400 mètres. Visiblement atteint d'un oedème cérébral, en proie à des hallucinations, il veut se jeter dans la pente, se débarrasser de ses gants, de sa veste. Personne n'a pu lui venir en aide.

De retour au col Sud, de nuit et en pleine tempête, les autres clients vivent des heures épouvantables. Ils se sont en partie regroupés autour d'un guide improvisé, Michael Groom. Mais la visibilité est si mauvaise qu'ils ne réussissent pas à trouver les tentes, pourtant proches. Il faut à tout prix aller chercher du secours. Michael prend la décision de les laisser là, et il part avec deux hommes.


Anatoly Boukreev réussit à retrouver dix-neuf alpinistes dans la tempête.

Après des heures de recherches, ils finissent par dénicher le camp… et un homme providentiel, le Kazakh Anatoly Boukreev, véritable force de la nature. Celui-ci se précipite seul dans l'enfer et ramène un à un les touristes rassemblés par Michael Groom. Mais il manque encore cinq alpinistes. Il les trouve, perdus dans l'enfer, à bout de forces. Il doit abandonner deux d'entre eux, la Japonaise Yasuko Namba, qui semble morte, et l'Américain Beck Weathers, le visage couvert de glace et les mains dégantées. L'homme respire à peine et ne répond plus… Boukreev et les trois miraculés marchent toute la nuit et ne parviennent aux tentes qu'à l'aube.

À leur grande surprise, ils voient arriver, quelques heures plus tard, Weathers, qui avait été laissé agonisant. Il a survécu à douze heures de coma, mais ses membres et son visage ont gelé. Les alpinistes l'installent dans une tente, persuadés qu'il va mourir. Ce ne fut pas le cas. Beck Weathers effectue, le lendemain, une descente douloureuse aidé par des sherpas ; il est transporté par hélicoptère au camp II à 6 400 mètres. Amputé, il survivra à ses gelures.


Le Mont Everest.

Au total, huit personnes (sans compter les deux guides) sont mortes sur les flancs de la montagne. Toute cette histoire a été suivie en direct par les internautes du monde entier. Les expéditions disposaient de gros moyens de communication et livraient sans cesse des bulletins d'information. Il y avait parfois de terribles quiproquos : l'annonce de la mort de participants bien vivants. Ce qui aurait pu être une belle expédition ne fut qu'une suite de drames.




11/07/2011
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