Pure Performance Mountain Riding

Du bon usage des voyages

Du bon usage des voyages via la pratique de l'ailleurs

Besoins d'ailleurs et art du déplacement, le voyage est aujourd'hui une mode, un désir et une réalité incontournable pour tous. Avec les progrès technologiques, les déplacements sont plus rapides et les voyages aussi. Voyager c'est " prendre la voie, la route ", voir, entendre, sentir, reconnaître, naître à soi, devenir, éveiller ses sens, bref vivre, se laisser emporter, chavirer pour mieux se retrouver, arpenter les chemins enrichissants du détour et souvent partir pour mieux revenir ! Le développement du tourisme ouvre, avec l'évolution des sociétés, de nouvelles formes " insolites et déformées " de voyages qui vont du cybertourisme aux nouveaux voyeurismes malsains de la misère des autres. Du voyage fugace, au séjour prolongé, il y a toujours l'imaginaire de l'ailleurs, avec le meilleur et le pire...

Le plus " grand " voyageur de notre temps est le touriste, arpenteur inlassable (et répétitif) des recoins de la terre à la recherche d'un exotisme bon marché. Des gens " font " un pays, un continent, en quelques jours, se transportant d'un coin à l'autre sans jamais " rencontrer " les populations locales, découvrant des paysages magnifiques, éludant les difficiles réalités quotidiennes des autochtones car trop enfermés dans les bulles du dépaysement.

Dans cette promotion de voyages aseptisés, les tours-opérateurs jouent un rôle non négligeable, transformant le monde en marchandise (alors qu'il ne l'est pas, comme on le sait bien !) et concourant fortement à la déliquescence des sociétés réceptrices. La dite démocratisation du voyage, la facilité des communications mènent à de nombreuses dérives (tourisme sexuel, pollutions, acculturations…) qui interpellent aujourd'hui non seulement les spécialistes de sciences humaines et les voyagistes dits " éthiques " mais également toutes les sociétés concernées.

Reformuler les imaginaires du voyage et ne pas fermer les yeux sur les méfaits du tourisme, participer à l'élaboration et à la promotion de chartes éthiques et autres codes culturels, tels sont quelques-uns des défis qui nous interpellent, pour un tourisme responsable, intelligent et durable. Mais pour que ces derniers termes conservent un sens, la tâche s'annonce difficile tant la commercialisation de la nature et du voyage va bon train sans se soucier de ceux qui se réfugient dans le dernier recoin d'une forêt…

Au-delà, mais aussi au-delà des mots, il s'impose l'idée d'un développement équitable, réellement solidaire, permettant aux sociétés émettrices et réceptrices de partager, de s'apprivoiser sans se détruire et de ne pas aller vers la fossilisation des cultures visitées au nom d'un exotisme abscons. Revenir à l'homme et sortir des logiques économiques strictes des voyagistes avides de bénéfices, pour que le voyage reste - ou devienne enfin - une histoire de décalages qui mènent à une meilleure découverte de l'autre et à une plus profonde connaissance de l'ailleurs. Le décalage a cela de commun avec la tangente : ils sont tous deux indispensables à la refondation du monde sur des bases plus humanistes, et non pas humanitaires… Le voyage est l'un des moyens d'y accéder, encore faudra-t-il parvenir à se débarrasser de ses mauvais usages et de ses nuisibles usagers. Ce qui est aujourd'hui loin d'être acquis et ne peut que nous conforter dans l'idée de revoir complètement la copie du voyage et de sa prétendue durabilité.



02/04/2009
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