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Alberta,le pétrole de la honte

Canada :: Catastrophe écologique

L’extraction des sables bitumeux, permettant de faire un pétrole de synthèse dans l’Alberta (Canada), dévaste la région.

Thierry Warmoes

L’exploitation des sables bitumineux a des conséquences dramatiques pour l’environnement. Pour produire un seul baril (159 litres) de pétrole, il faut extraire en moyenne quatre tonnes de terre et de sable. (Photo David Dodge, The Pembina Institute).

« Taux de cancer élevé, pluies acides et pollution des eaux »

Le prix du pétrole flambe. Depuis 1998, la découverte de nouvelles réserves est inférieure à la production annuelle, ce qui signifie que nous allons vers l’épuisement de cette ressource naturelle dans quelques décennies.     

On pourrait penser que cette évolution pousse à la généralisation des sources d’énergie alternatives et propres, tout bénéfice pour l’environnement. Mais, dans l’économie capitaliste, le prix élevé du pétrole a aussi pour effet de rendre rentable l’exploitation de certaines réserves difficiles d’accès, et donc chères en coût d’exploitation, comme celles en eau profonde et dans les régions polaires.

Il en est de même pour l’exploitation des sables bitumineux dont les principales réserves se situent en Alberta, au Canada. Les réserves en Alberta contiennent cinq fois les réserves de pétrole d’Arabie saoudite. Le sable bitumineux est un mélange de bitumes bruts, de sable, d’argile minérale et d’eau. Après son extraction et transformation, on obtient le bitume, qui est un mélange d’hydrocarbures. À partir de ce bitume, on peut produire du pétrole.     

Mais, il y a un mais. Cette activité a des conséquences dramatiques pour l’environnement. Les sables bitumineux ne contiennent que 10 à 12 % de bitume. Pour produire un seul baril (159 litres) de pétrole à partir de sables bitumineux, il faut extraire en moyenne quatre tonnes de terre et de sable. Or, on produit aujourd’hui au Canada plus d’un million de barils par jour… Ensuite, il faut d’énormes quantités d’eau — entre deux et cinq barils d’eau douce pour produire un seul baril de pétrole — et d’énergie — il faut chauffer le bitume à plus de 500 degrés pour en faire du pétrole synthétique.     

Les gisements le long de la rivière Athabaska s’étendent sur 140 000 km2, plus de quatre fois la surface de la Belgique. La région est donc dévastée par des mines à ciel ouvert sur des dizaines de kilomètres carrés.    

Il en résulte un énorme dégagement de CO2 (gaz à effet de serre) — il devrait tripler d’ici 2015 — et une terrible pollution du sol, de l’eau et de l’air. Cette entreprise est devenue la principale source de gaz à effet de serre du Canada. Le pays est certain de na pas atteindre ses objectifs de Kyoto puisque par rapport à 1990, les prévisions tablent sur une augmentation de 38 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2010. Ainsi, toute une région est dévastée, avec un taux de cancer élevé, des pluies acides et une pollution des eaux souterraines et superficielles.

Les grands monopoles pétroliers lorgnent bien sûr sur cette source de profits faramineux. Actuellement, trois compagnies pétrolières sont déjà opérationnelles en Alberta. Dans cinq ans, elles seront neuf, dont Shell et Total, à produire deux millions de barils par jour. Plusieurs associations écologistes et de citoyens du Canada appellent à un moratoire sur l’extraction des sables bitumineux en Alberta.



26/11/2009
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