Les méthodes courantes de torture au Tibet



La torture est systématiquement utilisée pour obtenir des confessions, des aveux, comme moyen de réprimer les dissidents politiques, de punir les activités criminelles et aussi comme un moyen d’extorsion. Les victimes de la torture, y compris celles suspectées d’avoir commis des crimes, les détenus criminels et prisonniers, les opposants politiques, les activistes pour les Droits de l’homme, les membres des minorités ethniques, en particulier les Tibétains et les Ouighours et les groupes marginalisés.

Le rapporteur spécial pour les Nations Unies après sa visite en Chine et au Tibet cette année a confirmé que nombre des méthodes de tortures étaient utilisées et d’autres méthodes auparavant inconnues sont aussi utilisées telles que « le banc du tigre », la personne doit rester assise immobile sur un minuscule tabouret de quelques centimètres, « renverser un avion», la victime est obligée de se pencher tout en levant les jambes, les pieds attachés ensembles et les bras levés en l’air, « épuiser un aigle » la personne est obligée de rester debout sur un haut tabouret et battue jusqu’à épuisement.


Selon les témoignages des réfugiés et l’information provenant de l’intérieur du Tibet, la forme de torture la plus courante au Tibet est celle physique : ils sont frappés à coups de poings et de pieds, avec des matraques électriques, des cordes en caoutchouc, sangles et ceintures, des barres en fer.
D’autres méthodes de tortures qui ne laissent aucunes marques physiques sur leurs victimes sont aussi utilisées, comme par exemple l’exposition à des températures extrêmes, des menaces de morts, rester debout immobile au soleil pendant un long moment de 12H à 16H, tenir un papier entre les jambes et sous les bras pendant un long moment, et un bol d’eau ou un livre sur la tête. Tout mouvement de la personne entraîne les conséquences suivantes : d’être battue avec des matraques électriques, d’être brûlée avec de l’eau chaude jetée sur sa peau mise à nue, privation de nourriture et de sommeil. Ils doivent aussi subir des entraînements militaires et réciter dans le même temps des slogans tels que : « lutter pour se réformer: gyurkoy-la-shugnon, un nouvel homme réformé : lharyang mi sarpa. Les moines et les nonnes en particulier, souffrent souvent de torture psychologique, comme par exemple ils sont souvent obligés de bafouer leur croyances religieuses. Il y a énormément de cas de nomades prisonniers politiques qui ont été placés en isolement pour des périodes extrêmement longues, c’est une pratique très courante. Il y a des rapports concernant des cas où cet isolement a rendu fou le prisonnier et dans quelques cas a endommagé sa vue.

La publication du TCHRD « contes de terreurs » publié en 1999 souligne les méthodes courantes de torture sur les détenus. Lors de la détention une large variété de méthodes de tortures sont utilisées. Récemment il y a eu une augmentation du nombre de rapport concernant les tentatives pour déguiser et masquer les effets de la torture, par exemple le fait d’infliger des blessures internes sans laisser aucunes traces extérieures ni de cicatrices physiques. Des dégâts sur les reins ou le foie, causé par le fait d’être sévèrement frappé à ces endroits et le refus subséquent de tout traitement médical, sont des causes fréquentes de mortalité. Les femmes sont souvent torturées et les nonnes semblent en être souvent la proie. Les victimes blessées des suites de la torture en centre de détention ou en prison se voient souvent refuser tout soin ou traitement médical. Dans quelques cas cela a pour conséquence pour la personne une paralysie physique permanente, dans d’autres cas cela peut aller jusqu'à la mort. Cependant dans le cas des personnes qui sont mourantes elles sont souvent rendues à leur famille ou à des hôpitaux afin d’éviter toute responsabilité étatique.

La torture durant l’emprisonnement implique souvent le travail forcé. Les prisonniers sont assignés à un travail quotidien avec un quota à respecter, et ce quelque soit leur état physique ou leur santé mentale, et sont souvent d’une nature extrêmement fatigante. Quelques uns ont décrit ce travail physique comme étant pire que d’être battu. Il y a aussi des techniques qui ont un profond effet sur la psyché , comme par exemple les prélèvements de sang ou de liquide ou les privations de nourriture et l’isolement prolongé.






a) Les menottes.

Les Chinois ont inventé plusieurs formes de menottes très douloureuses. La méthode la plus douloureuse est celle ou l’on attache les pouces avec des menottes par derrière. Les mains sont attachées par derrière avec une main qui passe par dessus l’épaule et la seconde qui est contre le bas du dos et les pouces sont alors attachés ensembles par des menottes. La victime est alors suspendue à une barre pour subir les interrogatoires.
Les menottes pour les pieds de différents poids sont aussi utilisées et certains prisonniers doivent effectuer de dures tâches avec des menottes aux pieds. D’anciens prisonniers ont rapportés qu’ils devaient creuser un trou dans le sol pour que la souffrance soit supportable et pour pouvoir faire le travail demandé.
Des prisonniers ont témoigné que les menottes les plus douloureuses sont celles qui se resserrent toutes seules, aussi appelée les menottes jaunes. Elles se resserrent à chaque mouvement. Elles ont des dents pointues à l’intérieur qui lacèrent les poignets, et qui causent des saignements et des cicatrices à vie. Un autre type de menottes décrites par Palden Gyatso avait l’effet suivant : « donc tu avais des ampoules tout autour des poignets et cela s’enflammait et se transformait en brûlures. »



b) Les chocs électriques

Les matraques électriques sont parmi les instruments les plus fréquents utilisés par les officiers de police et les gardes de prisons pour persécuter les prisonniers dans les centres de détentions et les prisons. Ils utilisent les matraques électriques de différentes tailles qui peuvent donner des chocs de très haute tension , très haut voltage, pour choquer les zones sensibles du corps du prisonnier, comme la bouche, les paumes des mains, les dessous de pieds, les parties génitales, la poitrine, la nuque ou les seins. Parfois ils utilisent plusieurs matraques électriques pour choquer le prisonnier.

L’eau est souvent versée sur le prisonnier pour intensifier les chocs électriques.

La matraque électrique était une nouvelle technique introduite par les officiers Chinois dans les années 80. Quelques une sont une partie de l’équipement des policiers, la plupart du temps utilisées sur les manifestants pro-indépendants, les autres sont gardées pour les interrogatoires en prisons et sont utilisées pour donner des coups sur la victime sur son corps ou son visage.

Les matraques électriques sont aussi utilisées comme un instrument d’agression sexuelle sur les femmes qui sont faites prisonnières. Il y a de nombreux témoignages de femmes chez qui ils ont inséré la matraque électrique dans le vagin ou l’ anus.

Cet instrument est aussi fréquemment mis dans la bouche du prisonnier , c’est une des punitions subies par le prisonnier lorsque celui-ci ne répond pas correctement. Cela cause de nombreuses enflures (tuméfactions) de la langue. Dans certains cas les prisonniers en ont perdu leur dents.
La victime peut aussi être directement électrocutée avec des fils électriques enroulés autour des poignets ou fixés aux pouces ou à d’autres parties du corps. Pour accentuer le choc ils jettent de l’eau sur la victime au même moment. Les dommages dus aux chocs électriques sont généralement très graves, conduisant à des blessures internes ou à des troubles mentaux.



c) Les suspensions en l’air

Les suspensions en l’air sont une autre méthode de torture inhumaine qui est utilisée sur les prisonniers durant les interrogatoires et durant l’emprisonnement et la détention.
Avec les deux bras attachés ensembles par derrière et les deux pieds touchant le sol ou seulement les orteils qui touchaient à peine le sol, il est accroché au plafond avec une corde. Pendant qu’il est obligé de rester dans cette position, les tortionnaires font brûler de la poudre de charbon et de chili au dessous de la victime. Selon d’anciennes victimes la sensation de brûlure peut être tellement forte qu’ils ne peuvent pas ouvrir leurs yeux pendant plusieurs heures. L’extrême transpiration du corps accentue encore plus la douleur. Palden Gyatso a dit que de l’eau chaude était également jetée sur les prisonniers, alors qu’ils étaient suspendus au plafond.

Suspendre les prisonniers au plafond avec un feu qui brûle juste dessous est une méthode qui est fréquemment décrite par les anciens prisonniers. Souvent le chili est jeté sur le feu et cela produit une épaisse fumée et accentue les brûlures. « Quand ils ont balancé du chili sur le feu cela a provoqué une horrible sensation de brûlure sur tout mon corps et à chaque fois j’étais incapable d’ouvrir les yeux pendant plusieurs heures » raconte Jampel Tsreing.



d. L’exposition à des températures extrêmes


Les prisonniers sont parfois obligés de rester sous des conditions extrêmes que ce soit en hivers lorsqu’il fait froid, et en été lors des chaleurs torrides. Beaucoup d’anciens prisonniers ont témoignés qu’ils devaient dormir à même le sol dans des cellules de prisons non chauffées en plein hivers, nu ou ne portant que des habits très légers. Pour rendre le froid encore plus insupportable ils racontent que le personnel des prisons laissaient les fenêtres ouvertes durant tout la nuit. Les températures en hivers à Lhassa avoisinent les 0 ° à – 13 ° . Beaucoup d’anciens prisonniers politiques ont été gardés dans de telles cellules même lorsqu’ils étaient sérieusement blessés ou sur le point de mourir ou dans un très mauvais état de santé.

Quelques cellules destinées à l’isolement sont décrites comme étant extrêmement froides sans aucune ouverture pour que le soleil rentre à l’intérieur.

Les prisonniers sont aussi exposés à de fortes chaleurs et obligés de travailler pendant de longues heures dans des ateliers non ventilés, ou bien laissés dehors sous la chaleur torride et obligés de porter des chapeaux de fourrure très chauds. Par ailleurs, les prisonniers sont obligés de vivre dans une extrême insalubrité.

Une autre technique utilisée est de brûler directement la victime en l’immobilisant devant une cheminée très chaude, ils les brûlent aussi avec des cigarettes, et les pendent au dessus d’un feu sur lequel ils jettent de la poudre de chili.


e. L'utilisation de chiens

Des chiens enragés et féroces sont parfois amenés durant les sessions d’interrogatoire pour attaquer le prisonnier. Tout mouvement ou toute panique de la part du prisonnier donne le signal au chien d’attaquer. Il y a des cas de prisonniers sévèrement mutilés par cette technique.



f. Les agressions sexuelles

L’agression sexuelle est l’une des techniques les plus barbares qui soit utilisée en prison au Tibet. L’agression sexuelle est un crime violent consistant à contraindre quelqu’un a avoir une relation sexuelle. Souvent l’acte est fait de force et c’est suffisant pour causer des blessures physiques. D’autres fois, même si la personne n’est pas blessée physiquement , le dommage psychologique engendré par cette violation intime est important. Cela est fait surtout dans le but de briser la foi et l’esprit sans défense des nonnes bouddhistes qui ont participées à des manifestations pour l’indépendance.
Des bâtons et des matraques électriques sont insérés dans leur vagin et dans leur anus, provoquant d’atroces douleurs et des blessures internes irréversibles telles que des dommages aux reins et des traumatismes psychologiques. De tels actes de torture sont utilisés pour humilier et démoraliser les victimes, car une honte sociale est reliée à de telles expériences, spécialement pour les nonnes qui ont fait vœux de célibat.


g. Le régime d’isolement

L’isolement est une punition qui consiste à priver la personne de tout contact avec une autre personne, excluant les gardes et les docteurs. L’isolement est considéré par certain comme étant cruel et une punition inhabituelle en raison de ses conséquences importantes sur l’état mental du prisonnier. Les conditions de l’isolement sont faites pour être les plus inhumaines possibles, avec des cellules si petites (6ft x 3ft) que le prisonnier ne peut que s’asseoir, cette taille peut varier d’une prison à l’autre. Les cellules sont plongées dans le noir, et dans certains cas il y a des sols en métal ce qui fait que la cellule est horriblement froide.
Le seul contenu de la cellule est un petit pot qui sert à la fois de bol pour se nourrir et de toilettes.
Le prisonnier qui est mis en isolement n’est jamais autorisé à sortir hors de sa cellule excepté pour les interrogatoires et il est habituellement gardé menotté. Ces périodes d’isolement peuvent durer plus de 6 mois.



h. Les vidéos de tortures


Les prisonniers sont parfois obligés de visionner des vidéos de torture qui montrent des atrocités commises contre les Tibétains telles que des exécutions massives. Ce qui est le plus montré est celle d’un moine qui a été sauvagement torturé. Il a été tout d’abord crucifié par les pieds et les mains (percés avec des clous). On lui a ensuite tiré dessus deux fois, avant de le pendre au dessus d’une pile de bois puis brûlé vif.



i. Uriner dans la bouche des victimes


C’est l’une des nombreuses techniques utilisées par les officiers chinois en prisons pour humilier les détenus. Ils forcent la victime a boire de grandes quantités d’urine et lui interdise ensuite de quitter la pièce avant qu’il/elle ne puisse plus se retenir et s’urine dessus. Une autre technique qui a été rapportée est celle qui consiste à uriner directement dans la bouche de la victime, généralement à travers un tuyau en caoutchouc.
Les moines et les nonnes souffrent souvent des pires tortures physiques et psychologique pour les obliger à bafouer leurs croyances religieuses. Par exemple, une méthode d’abus psychologique consiste à forcer les moines et les nonnes à porter des matières fécales sur leur dos à l’aide d’une Tangka ( peinture Tibétaine religieuse).



j. des donations forcées de sang et de liquide

Le prélèvement sanguin de force est une méthode de torture physique et psychologique qui est infligée aux prisonniers au Tibet. Cette méthode est utilisée pour affaiblir les prisonniers physiquement. A de telles altitudes au Tibet, additionné à une alimentation très pauvre, la perte de sang peut sérieusement endommager la santé de la personne. Avec les prisonniers qui sont déjà affaibli par le fait d’être battu, des prélèvements répétés peuvent parfois entraîner la mort.




k. d’autres techniques de torture


D’autres techniques de torture sont rapportées par d’anciens détenus et prisonniers : roués de coup de poing et coups de pieds, battu sauvagement avec de l’ortie brûlante, perforer la peau avec des aiguilles, insérer des morceaux de bambou sous les ongles de la main, les frapper a certains endroits articulaires tel que les chevilles par exemple, avec des marteaux , les frapper avec des battes de base-ball recouvertes de clous et des sangles de différentes variétés , parfois avec des clous à chaque bout.
Il y a aussi des témoignages de personnes qui ont été frappées avec des bâtons de bois et des barres de fer, incluant des massues en bois avec des clous polis aux extrémités pour déchirer la chair.


SOURCES :

Kuxing: Torture in Tibet
Rapport diffusé par le Tibetan Center for Human Rights and Democracy.
Publié en 2005
Traduction : France-Tibet