Pure Performance Mountain Riding

Torre di Lavina 3308 m-Massif du Grand Paradis

Torre di Lavina 3308 m-Massif du Grand Paradis

samedi 2 avril 2011
Descentes à ski de la face S directe (1ère) 5.4 E4 700m (max 50°/55° soutenus) et du couloir de la « Petite face S » (1ère ???) 4.3 E2 500m le 24 Mars 2011 par Rémy Lécluse.

Au cours de mes trajets assez fréquents à travers le Piémont, j’avais remarqué un sommet isolé qui domine le Canavese et dont la face Sud a fière allure. Dans les « cent plus belles » du Grand Paradis, j’identifiais la belle : Torre di Lavina.
D’après Gian Carlo Grassi, elle avait connu son heure de gloire grâce à ses itinéraires rocheux mais trop isolée et éloignée, la belle était passée de mode, tombée dans l’oubli.



La face Sud Torre di Lavigna 3308m-Piémont italien

C’est ainsi qu’un petit matin de l’hiver 2010, je remontai le sentier du Vallone di Lavina en compagnie de biches, chevreuils et chamois par dizaines. Le gel était bon, l’enneigement tout à fait correct et au petit jour, je troquais mes peaux de phoques pour piolets et crampons.
Las, à une centaine de mètres du sommet une barre rocheuse totalement lisse arrêtait ma progression… Je tente le coup en artif à droite dans une vague fissure, après trois pitons approximatifs, je jette l’éponge : je sens la « grosse connerie » venir, si je déboutonne les points, je pars pour une chute de six cent mètres avec une barre de cent mètres de haut dans la trajectoire!
Je chausse les skis au pied de la barre, un champ de neige bien raide (plus de 50°) m’amène en haut d’une partie mixte à 65°/70° : petit rappel de 25 mètres sur Abalakov suivi par une vingtaine de mètres moins raides où je dérape avec le piolet à la main. Ensuite du beau, du grand ski raide entre les cailloux avec un crochet à droite pour éviter la barre finale.

Le cœur lourd et profondément déçu, je descends vers Forzo où est garée ma voiture : j’ai skié la partie difficile de la face mais sans partir du sommet. Je dois revenir !
Deuxième tentative, arrivé dans le haut du vallon, je découvre la face : il n’y a plus de neige ! Je me promet de revenir dès que possible. Hiver 2012, il a pas mal neigé en Italie et à deux reprises je viens repérer la face, une première fois l’enneigement est trop faible, la seconde tout à l’air bien. Sur les montagnes alentour, il est facile de voir que la neige s’est transformée. Le risque d’avalanche a dégringolé de 4 à 2 en quelques jours. Puisque la belle n’a pas voulu de moi par la porte d’entrée je passe par la fenêtre! Je fais le tour par ce qui ressemble à une voie normale. Jusqu’à deux cent mètres sous le sommet : tout va pour le mieux.
La pente finale pour accéder au sommet est une partie de natation : un pas en avant, trois en arrière ; il me faudra plus de deux heures pour en sortir. La neige sur ce versant Est n’a pas transformée du tout et la pente n’est qu’une grosse accumulation : le spectre du renoncement n’est pas loin! Bien que la neige soit encore ferme, j’attaque assez vite la descente : le gel n’est pas monstrueux et je souhaite trouver une neige assez ferme pour faire un bon corps mort…


Tlavina petite face sud-Piemont italien

Bien que dure, la neige est sécurisante et les skis accrochent très bien sur cette surface. Très vite je suis au sommet de la barre qui m’a contraint à la retraite l’an passé. C’est une petite cascade de glace de quatre mètre, je fais un Abalakov sec et le tour est joué. Le champ bien raide de nouveau et là, encore un Abalakov sec et le tour est joué. Au sommet de la grande barre rocheuse terminale : clignotant à gauche, j’ai repéré que la sortie est meilleure de ce coté là. Au pied de la face, c’est le bonheur!
Mais il est encore tôt et j’ai un moral d’enfer… A droite de la face, il y a un joli couloir encaissé dans une sorte de dièdre. Je traverse vers celui-ci et sans mettre les crampons, je le gravi sur la pointe des pieds! Un peu amorti, je passe la corniche : j’ai 2700 mètres de montée dans les pattes. Dix minutes plus tard, j’ai fini la descente de ce très joli couloir; la pente n’est jamais très raide (40/45°) et la neige est de la meilleure qualité possible. Je finis mon « voyage » en skiant au milieu des chamois dans les alpages de Lavina.


Merci à Dynastar, Grivel.
Rémy Lécluse



06/04/2011
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