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Rapport Nations Unies montagne et écologie

Les régions montagneuses du monde, jadis perçues comme imprenables et immuables, sont progressivement domestiquées, envahies petit à petit par l'agriculture et l'élevage, selon un rapport tout récent du Programme des Nations Unies pour l'environnement intitulé Mountain Watch.

Ainsi, presque la moitié des régions montagneuses africaines sont aujourd'hui terres de cultures ou d'élevage et l'Amérique du Sud suit cette tendance. On estime qu'en Afrique, 10 % des zones montagneuses ont été transformées en terres de cultures et 34 % en pâturages.

Mis à part le Groenland, les montagnes semblent avoir été mieux préservées dans leur état naturel en Amérique du Nord et en Amérique centrale, où l'on estime que 14 % seulement ont été aménagées, 9 % pour les bovins, ovins et autres animaux domestiques et 5 % sous cultures.

Klaus Toepfer, directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement a déclaré : "Le profond respect que nous inspirent ces régions naturelles exceptionnelles se fonde en partie sur leur éloignement, leur inaccessibilité. Mais ce que ce nouveau rapport nous montre," ajoute-t-il, "c'est que dans de nombreuses parties du monde, ces derniers espaces vierges sont rapidement envahis par l'agriculture, l'aménagement d'infrastructures et autres menaces insidieuses. Plane aussi sur tout cela le spectre des changements climatiques qui ravagent déjà les glaciers et altèrent la faune et la flore des hautes altitudes. Il ne s'agit pas seulement de se désoler de ces conséquences, de ces pertes, mais de comprendre qu'elles menacent notre santé et notre bien-être à tous. Les montagnes sont les châteaux d'eau du monde, la source des plus grands fleuves. Nous devons agir pour les conserver, dans l'intérêt des peuples qui y vivent comme de toute l'humanité".

Ce rapport qui doit être présenté aux délégués, ministres et chefs d'Etat participant au Sommet mondial de la montagne qui se tient à Bichkek (Kirghizistan) du 29 octobre au 1er novembre montre que les systèmes agricoles traditionnels, comme les cultures en terrasses, peuvent avoir un effet positif sur les zones montagneuses, en aidant par exemple à y stabiliser les sols.
Cependant, il indique également qu'une forte proportion de la transformation des terres montagneuses en cultures et pâturages se traduit par la perte des forêts et autres couvertures risquant d'accélérer l'érosion et la perte de sols tout en menaçant la faune et la flore sauvages et les ressources en eau.

Ce rapport, première évaluation géographique de l'évolution écologique des zones montagneuses et de ses implications pour le développement durable, a été préparé par le Centre mondial de surveillance de la conservation du PNUE (PNUE-WCMC) en contribution à l'Année internationale de la montagne.

Mark Collins, directeur du PNUE-WCMC, explique que le rapport illustre clairement les sept pressions qui altèrent l'écologie des montagnes :
  • dangers naturels,
  • incendies,
  • changements climatiques,
  • infrastructures,
  • violents conflits humains,
  • modifications de la couverture végétale et intensification de l'agriculture.
Il ajoute : "Pour repérer les domaines auxquels les efforts de conservation des montagnes dans le monde devraient donner la priorité, on a superposé des cartes des écosystèmes et des indicateurs des groupes d'espèces avec des informations sur ces diverses pressions.
Les résultats sont impressionnants. Nous voyons ainsi nettement quelles sont les régions qui souffrent le plus d'une combinaison de pressions ou impacts. Nous avons ainsi pour la première fois un tableau mondial des menaces concernant les diverses régions montagneuses et de leur vulnérabilité".

"Les milieux montagnards couvrent environ 24 % des surfaces terrestres mondiales et méritent autant d'attention que les autres écosystèmes du monde," explique Andrei Iatsenia, coordinateur du programme du PNUE en faveur des montagnes. "C'est pourquoi," ajoute-t-il, "le PNUE, avec l'aide du Fonds pour l'environnement mondiale (FEM), est en train de promouvoir une approche plus stratégique au problème des montagnes. Ce Mountain Watch va fournir des renseignements exacts et accessibles aux responsables des politiques et à tous ceux qui s'occupent des montagnes".

Nous retiendrons du rapport que :
  • Les montagnes de l'Amérique du Sud semblent être particulièrement vulnérables aux "tremblements de terre destructifs", le risque affectant environ 88 % de leurs surfaces.
  • Certaines parties du Caucase, de la Californie et du nord-ouest des Andes, en particulier les écosystèmes forestiers de la vallée de la Magdalena en Colombie, sont les montagnes dont la riche biodiversité est la plus menacée du monde et devraient être des zones prioritaires de conservation.
  • Presque un quart des montagnes du monde risquent d'être "fortement affectées" par l'aménagement d'infrastructures, routes, mines, lignes électriques et pipelines, d'ici 2035.
  • Ce sont les montagnes du Groenland qui vont probablement souffrir le plus du réchauffement planétaire, 98 % de leur superficie risquant de subir de forts changements climatiques d'ici 2055.
  • Les montagnes d'Afrique sont le plus fortement affectées par des combinaisons de pressions allant de la transformation des forêts et autres terrains montagneux en pâturages, aux incendies et aux violents conflits entre les habitants..
  • Les risques de graves conflits violents sont plus élevés en zones montagneuses. C'est en Afrique que se trouvent les terres des plus hautes altitudes théâtres de guerre, avec 67 % "des conflits de forte intensité".

Adrian Newton, principal auteur du rapport, déclare : "il ressort du rapport qu'environ 41 % des terres montagneuses du monde ont été affectées par des conflits humains de forte intensité de 1946 à 2001, par rapport à 26 % du reste des terres".

Le rapport montre que, malgré l'intensification de l'agriculture dans les régions montagneuses, ces terres sont moins favorables à la production agricole que celles de plus basses altitudes. Selon M. Newton, il se peut que ce fait, s'ajoutant à la dégradation de l'environnement, joue un rôle dans le risque accru de conflits armés en zones montagneuses.

 

Christophe Magdelaine



02/04/2009
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