Pourquoi la Chine efface Avatar au profit de Confucius
Pourquoi la Chine efface Avatar au profit de Confucius
Régis Soubrouillard
Après avoir dépassé le record du box-office chinois en quelques semaines, Avatar est déprogrammé dans la plupart des salles faute de rentabilité, selon les autorités. Une version démentie par les blogueurs.
Le film était censé avoir conquis l’humanité toute entière. L’humanité toute entière excepté un cinquième de ses représentants. Avatar, la dernière méga-production en 3D de James Cameron avait pourtant assuré de bons début en Chine. Un excellent démarrage même. L’agence officielle Chine Nouvelle a annoncé que les recettes d'Avatar s'élevaient à plus de 550 millions de yuans, soit 57 millions d'euros depuis sa sortie le 2 janvier en Chine. Rien ne devait entraver la route d’Avatar vers un succès historique si les autorités n’avaient pas décidé de suspendre la projection du film dans 1600 salles à compter du 23 janvier pour de fumeuses raisons : le film n’attirait déjà plus les foules et seule la version 3D du film serait rentable. Et sur 4600 salles, la Chine ne possède que 700 écrans 3D.
Sur Internet, Li Chengpeng, un célèbre commentateur de foot chinois et blogueur influent a sa petite idée sur ce qui justifie « le retrait » du film de James Cameron. Avatar avec ses extra-terrestres massacrés et forcés à l’exode serait, en fait, une histoire chinoise, une fresque cinématographique contre les expulsions, les démolitions forcées qui sont l’œuvre de promoteurs immobiliers semi-mafieux. Un commentaire lu plus de 200.000 fois et qui a suscité plus de 2.500 commentaires –la plupart favorables à son analyse selon des journaux de Hong-Kong- ! « Pour écrire son film, le réalisateur a dû certainement vivre en Chine plusieurs années », s’amuse d’ailleurs Li Chengpeng.
Sur Internet, Li Chengpeng, un célèbre commentateur de foot chinois et blogueur influent a sa petite idée sur ce qui justifie « le retrait » du film de James Cameron. Avatar avec ses extra-terrestres massacrés et forcés à l’exode serait, en fait, une histoire chinoise, une fresque cinématographique contre les expulsions, les démolitions forcées qui sont l’œuvre de promoteurs immobiliers semi-mafieux. Un commentaire lu plus de 200.000 fois et qui a suscité plus de 2.500 commentaires –la plupart favorables à son analyse selon des journaux de Hong-Kong- ! « Pour écrire son film, le réalisateur a dû certainement vivre en Chine plusieurs années », s’amuse d’ailleurs Li Chengpeng.
Une maison clou
En Chine, ce phénomène a donné lieu au terme de « maison clou », en référence aux habitants refusant l’expropriation alors que tous leurs quartiers est déjà rasé et que les travaux de reconstruction ont commencé. Ne subsiste dès lors qu’un pâté de maison surplombant un chantier en construction.
« Je crois que le film est une apologie réussie du combat qui oppose les 'maisons clous' aux démolitions forcées » estime ainsi Li Chengpeng.
Le quotidien Hongkongais Apple Daily voit lui une autre explication. En date du 23 janvier, la superproduction d’Hollywood devait se trouver en confrontation dans les salles obscures avec ce qui était annoncé dans les médias chinois comme « le plus grand film de tous les temps ». Un film patriotique sur la vie de Confucius.
« Je crois que le film est une apologie réussie du combat qui oppose les 'maisons clous' aux démolitions forcées » estime ainsi Li Chengpeng.
Le quotidien Hongkongais Apple Daily voit lui une autre explication. En date du 23 janvier, la superproduction d’Hollywood devait se trouver en confrontation dans les salles obscures avec ce qui était annoncé dans les médias chinois comme « le plus grand film de tous les temps ». Un film patriotique sur la vie de Confucius.
La montagne Alléluia Avatar
L'affiche du film Confucius
China Film, le distributeur d’Etat le plus puissant du pays, redoutait-il de voir « son » film se prendre une déculottée face à la superproduction d’Hollywood à un moment où la Chine fait étalage de sa toute puissance dans tous les domaines ?
Le retrait d’Avatar pour cause de baisse de rentabilité camouflerait un refus de se confronter à la première puissance cinématographique du monde.
Zhou Baolin, le responsable du marketing à China Film, a indiqué à l'AFP qu'il n'y avait, au contraire, « aucune relation entre le retrait d'Avatar et la sortie de Confucius ».
La Chine n'a, pour autant, pas tout à fait renoncé à exploiter le film de James Cameron. Puisque les autorités de Zhangjiajie, une ville de la province du Hunan, viennent de rebaptiser l'une des montagnes de la région du doux nom de « Montagne Alléluia Avatar ». Classée au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1992, son sommet aurait inspiré une montagne flottante qui apparaît dans le film de James Cameron. Selon un journal local, un photographe serait venu directement de Hollywood en décembre 2008 pour prendre des photographies utilisées ensuite dans le film.
Les autorités espèrent bien en retirer quelques bénéfices notamment d'ordre touristique. Considérée, avec ses 3000 tours rocheuses, et sa richesse anthropologique comme l'un des plus beaux sites chinois, il était déjà largement apprécié des touristes. Reste à espérer que les autorités ne transformeront pas le site en un Avatarland.
Le retrait d’Avatar pour cause de baisse de rentabilité camouflerait un refus de se confronter à la première puissance cinématographique du monde.
Zhou Baolin, le responsable du marketing à China Film, a indiqué à l'AFP qu'il n'y avait, au contraire, « aucune relation entre le retrait d'Avatar et la sortie de Confucius ».
La Chine n'a, pour autant, pas tout à fait renoncé à exploiter le film de James Cameron. Puisque les autorités de Zhangjiajie, une ville de la province du Hunan, viennent de rebaptiser l'une des montagnes de la région du doux nom de « Montagne Alléluia Avatar ». Classée au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1992, son sommet aurait inspiré une montagne flottante qui apparaît dans le film de James Cameron. Selon un journal local, un photographe serait venu directement de Hollywood en décembre 2008 pour prendre des photographies utilisées ensuite dans le film.
Les autorités espèrent bien en retirer quelques bénéfices notamment d'ordre touristique. Considérée, avec ses 3000 tours rocheuses, et sa richesse anthropologique comme l'un des plus beaux sites chinois, il était déjà largement apprécié des touristes. Reste à espérer que les autorités ne transformeront pas le site en un Avatarland.