Annecy : Georges Salomon s'est éteint
Annecy : Georges Salomon s'est éteint
Par Franck GRASSAUD
Georges Salomon s'est éteint à l'âge de 85 ans
"On est tous émus par cette disparition", commente Bruno Bertrand, l'un des responsables marketing de Salomon, "c'était un visionnaire cet homme, il a fait qu'aujourd'hui encore 1.000 personnes travaillent pour la marque sur le bassin annécien. On a tous beaucoup de respect pour Georges Salomon".
On le savait malade mais on le devinait toujours sur les bords du lac d'Annecy comme témoin de sa réussite. Témoin d'un temps où l'on partait de rien. Et Georges Salomon est bel et bien parti de rien, d'un petit atelier de scies à bois dans le Vieil Annecy. D'un bond en avant grâce à ses carres à ski si réputés.
Nous sommes juste après la guerre et l'activité montagne ne demande qu'à se développer. Cet homme obstiné va y participer. Au début des années 50, il a la bonne idée de créer des machines automatiques pour produire ces pièces qui bordent la semelle du ski. On les fabrique à la chaîne.
1957, autre trouvaille de Georges Salomon, la butée de sécurité puis la première fixation suivra en 1959, histoire de remplacer les lanières de cuir. Une fixation qui prendra le nom d'Emile Allais, skieur fétiche de Salomon.
Aux J.O de Portillo au Chili, Salomon fait un "coup" médiatique. Il présente la première fixation à talonnière avec déblocage automatique.
Dans les années 60, le marché est propice et les exportations font vivre en grande partie l'entreprise : 2/3 des ventes se font à l'étranger. Des succursales sont ouvertes en Suisse, Italie, Allemagne et Autriche.
Début des années 70, Salomon touche le ciel grâce à des skis bien fixés au sol. L'entreprise est en effet leader de la fixation dans le monde, elle vend plus d'un million de paires chaque année. Elle se sent pousser des ailes et décide de se lancer dans la confection, profitant d'une notoriété sans faille. Vêtements et bientôt chaussures de ski Salomon s'imposeront.
Les années 90 et l'éloignement de Georges auront raison d'une dynamique bien instaurée. Les loisirs de montagne trinquent et Salomon boit la tasse. Racheté par Adidas en 1997, Salomon passera ensuite aux mains du finlandais "Amer Sports". Du statut de salariés "privilégiés" en Haute-Savoie, les "Salomon" seront nombreux à devoir partir.
Mais tout cela n'appartient pas à l'histoire écrite par Georges Salomon. Pour preuve, en ce jour de deuil dans l'entreprise, un salarié commente la gorge serrée : "c'est une page d'histoire qui se tourne !", oubliant que dans sa vie, l'entreprise Salomon a déjà tourné plusieurs pages depuis le départ de son fondateur.